5 raisons pour lesquelles les pères ont du mal à trouver la flexibilité au travail
Malgré l’augmentation du nombre de familles à double revenu en Australie et le souhait des hommes de s’impliquer davantage auprès de leurs enfants, des obstacles majeurs empêchent encore les pères d’adopter pleinement des modalités de travail flexibles formalisées telles que le travail à temps partiel ou le congé parental.
C’est un problème car nous savons que si les pères parviennent à concilier travail et vie de famille, cela profite aux enfants, à l’emploi des femmes et au bien-être des hommes.
Alors pourquoi les pères trouvent-ils si difficile d’adopter des modalités de travail flexibles formelles pour les aider en tant que parents ?
En tant que chercheur sur la paternité axé sur l’adoption de la flexibilité par les hommes, j’ai identifié cinq raisons principales.
Obstacles à la conciliation travail-famille
1. La flexibilité est souvent féminisée
La flexibilité peut être associée au « parcours de carrière des mamans ».
Modifier son activité professionnelle après être devenu parent est présenté comme étant réservé aux femmes ayant des enfants, plutôt qu’aux pères.
Lorsque les hommes adoptent une certaine flexibilité dans la prise en charge de leurs enfants, certains subissent une réaction négative sous forme de stigmatisation ou de discrimination, notamment en ce qui concerne le congé parental et le retour au travail – même lorsqu’ils prennent de courtes périodes de congé.
En fait, la Commission australienne des droits de l’homme a constaté que les hommes étaient deux fois plus susceptibles de voir leur demande de congé rejetée que les femmes.
Des données australiennes récentes montrent que seulement 8 % des organisations fixent des objectifs en matière d'engagement des hommes en matière de travail flexible.
Ce problème est alimenté par des normes et des stéréotypes de genre profondément ancrés sur le travail et les soins, et il a pour conséquence que les hommes sont souvent exclus des discussions sur la flexibilité.
2. On s’attend à ce que les hommes se concentrent sur leur carrière.
Les responsabilités parentales des hommes sont largement invisibles sur le lieu de travail et les pères reçoivent souvent le message de donner la priorité au développement de carrière et à la prévoyance financière plutôt qu'à une implication active dans les soins quotidiens de leurs enfants.
À cet égard, les hommes signalent un manque d’acceptation des modalités de travail flexibles sur leur lieu de travail et une inquiétude quant aux conséquences que cela pourrait avoir sur leur carrière.
Bien que les avantages d’une plus grande implication des pères en tant que parents soient évidents – notamment des résultats positifs sur le développement de l’enfant, sur le lien père-enfant et sur le bien-être des hommes – les implications négatives sur la carrière sont souvent citées comme un inconvénient majeur associé à certaines formes de flexibilité.
L’attente selon laquelle les hommes doivent se consacrer à leur carrière repose sur les normes masculines et sur le schéma de dévotion au travail (une obligation morale de se consacrer au travail).
Cependant, des recherches australiennes montrent que les hommes souhaitent plus de flexibilité et que certains sont même prêts à changer d’emploi pour y parvenir.
3. Les hommes ne savent pas à quoi ils ont droit
Il y a parfois un manque de sensibilisation de la part des hommes et un manque de ressources de la part des employeurs concernant les droits des hommes.
De nombreux pères ne sont pas pleinement conscients des politiques de conciliation travail-famille qui leur sont offertes ni des endroits où s'adresser. Ils sont parfois réticents à s'adresser directement aux employeurs en raison d'un sentiment d'absence de droits ou de craintes de jugement négatif.
Par conséquent, lorsqu’il s’agit de se renseigner sur la flexibilité, les hommes doivent souvent chercher par eux-mêmes pour déterminer ce qu’ils sont réellement capables d’utiliser.
Le manque d’informations facilement accessibles aux hommes renforce le message selon lequel la flexibilité parentale n’est pas vraiment conçue pour les pères.
Pour aider à surmonter ce problème, les organisations devraient s’assurer d’avoir des conversations avec les pères, et pas seulement avec les mères, sur l’aménagement de leurs horaires de travail lorsqu’ils ont des enfants.
4. Obstacles professionnels
Les hommes occupant différents postes au sein des organisations sont confrontés à des défis particuliers lorsqu’ils tentent d’adopter des modalités de soins flexibles.
Les personnes occupant des postes de haut rang, comme les cadres supérieurs ou les directeurs, ont beaucoup de contrôle sur leurs horaires de travail, mais elles sont souvent réticentes à adopter une flexibilité formelle pour les soins, par crainte que cela puisse signifier un manque d'engagement au travail.
En revanche, les hommes qui travaillent à des postes de statut inférieur signalent un manque de pouvoir pour demander de la flexibilité et certains signalent que leurs demandes ont été refusées ou qu’ils ont subi des pressions pour ne pas accéder aux options de flexibilité.
5. Le manque de modèles masculins
Il y a un manque de modèles de la part d’autres hommes et un manque d’espaces où les hommes pourraient apprendre les uns des autres sur la façon de travailler de manière flexible.
Les hommes avouent également hésiter à recourir à des modalités de travail flexibles car ils ne voient pas leurs dirigeants les adopter ou leur donner l'exemple. Cela peut conduire à craindre des conséquences négatives, comme des promotions ou des opportunités de carrière manquées.
Le fait que davantage de dirigeants masculins travaillent de manière flexible pour des raisons familiales donnerait l’exemple aux autres hommes, mais des obstacles existent en raison des attentes de certains dirigeants en matière de présence au travail.
Où allons-nous à partir d'ici ?
Pour que les choses changent, le rôle de soignant des hommes doit devenir plus visible au travail et les organisations doivent mieux aider les pères à adopter une certaine flexibilité à des fins de soins.
Parmi les moyens efficaces d’améliorer la situation, on peut citer le fait que les dirigeants masculins donnent l’exemple en matière de flexibilité, que les organisations promeuvent l’idée que la flexibilité s’applique aussi aux pères et qu’elles informent les hommes de leurs droits en matière de conciliation travail-famille lorsqu’ils deviennent, ou sont sur le point de devenir, pères.