Une femme enceinte vêtue d’un chemisier blanc et d’un blazer rouge prend la parole à la Chambre des communes.

3 leçons du congé parental de la députée Karina Gould qui pourraient aider toutes les familles canadiennes

La ministre fédérale Karina Gould, leader du gouvernement à la Chambre des communes, est entrée dans l’histoire du Canada à trois reprises : en tant que plus jeune femme ministre fédérale, la première à avoir accouché pendant son mandat et la première à prendre un congé parental. Son approche du congé parental pourrait bien se traduire par son héritage le plus durable.

Comme tous les députés, Gould n’était pas admissible au congé parental lorsque son premier enfant est né en 2018. Quatre semaines plus tard, elle a repris son travail dans sa circonscription de Burlington, en Ontario. Après cinq semaines supplémentaires, elle est revenue à la Chambre des communes avec son bébé à ses côtés.

Gould vient de donner naissance à son deuxième enfant. Cette fois, elle fait les choses différemment. Elle prend six mois de congé, grâce à la législation de 2019 qui accorde aux parents parlementaires de nouveau-nés jusqu’à 12 mois des prestations de congé parental payées.

En apparence, le plan de congé parental de Gould ressemble à celui de nombreux Canadiens. Il existe pourtant des différences clés, et elles offrent trois leçons sur la façon dont le congé parental pourrait être repensé pour chaque parent canadien.

Leçon 1 : Boostez l’éligibilité

Tous les Canadiens ne sont pas admissibles au congé parental. Près du tiers de toutes les mères canadiennes (à l’exception du Québec, qui dispose d’un programme plus inclusif) ne reçoivent pas de prestations de maternité ou parentales versées. Cela est dû à de nombreux facteurs, notamment à des critères d’éligibilité restrictifs de 600 heures de travail dans l’année précédant la naissance d’un enfant.

Les députés ne cotisent pas à l’assurance-emploi (AE) et n’étaient donc, jusqu’en 2019, pas admissibles aux prestations de congé parental. Pourtant, le gouvernement leur a trouvé une voie politique.

Il est temps de repenser les critères d’admissibilité afin qu’un plus grand nombre de Canadiens puissent bénéficier des prestations de congé parental.

Leçon 2 : De meilleurs compléments de salaire

Les députés reçoivent 92 pour cent de leur salaire pendant leur congé. Des compléments de salaire similaires existent dans le secteur public et dans certaines entreprises privées. Toutefois, pour la plupart des Canadiens, le congé parental est peu rémunéré : seulement 33 à 55 pour cent du salaire, avec un plafond de 401 $ à 668 $ par semaine et de 63 200 $ par an.

Parmi les 36 pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques, le Canada a les taux de remplacement salarial les plus bas pour le congé parental. Il est temps de rendre les feuilles abordables pour tous.

Cela a des conséquences sur le nombre de pères canadiens qui prennent leurs droits au congé parental. En 2020-2021, 23,5 pour cent des pères éligibles ont pris un congé parental. Au Québec, où le taux de remplacement des salaires est de 70 à 75 pour cent, ce chiffre était de 85,6 pour cent. Il est temps de rendre les congés abordables pour tous les parents.

Leçon 3 : Plus de flexibilité

Enfin, il y a des leçons sur la flexibilité et le choix, et sur ce qu’ils signifient dans un monde post-pandémique, où le travail à distance a changé la façon dont les gens concilient vie de famille et travail rémunéré.

Pour Gould, cela signifie prendre un court congé post-partum, puis combiner le congé parental avec un peu de travail à distance. Comme elle l’a dit aux Canadiens, elle prévoit « assumer son travail de députée à distance, en votant et en participant aux réunions du caucus et du cabinet, mais selon un horaire réduit.»

Karina Gould, enceinte de son deuxième enfant, se lève lors de la période des questions à la Chambre des communes en décembre 2023.

Certes, le travail d’un député, avec ses pressions particulières, nécessite un système de congé parental flexible. Pourtant, de nombreux autres emplois comportent des exigences distinctes.

Le problème du système actuel du Canada est que les congés doivent être pris sous forme de semaines consécutives au cours des 12 à 18 premiers mois suivant la naissance d’un enfant.

Il existe d’autres façons de bénéficier d’un congé parental. En Suède, par exemple, les congés peuvent être pris en une ou plusieurs tranches de temps, en jours plutôt qu’en semaines, à temps plein ou à temps partiel et sur plusieurs années.

Un homme en T-shirt rayé regarde son fils manger dans sa chaise haute.
Un père suédois en congé parental passe du temps avec son fils dans sa maison de Stockholm.

Les congés flexibles comportent cependant des risques, qui sont bien documentés dans les recherches sur le travail flexible et les inégalités entre les sexes. Certains employeurs pourraient ne pas respecter les limites des parents en congé. Ces limites sont essentielles car les parents ont besoin de temps pour s’occuper de leurs nourrissons, qui exigent et méritent ces soins dévoués.

Mais il existe des précédents sur lesquels s’appuyer, comme la politique du « droit à la déconnexion » de l’Ontario et l’option Travailler pendant une période de prestations de l’assurance-emploi.

Faire briller les projecteurs

Le congé parental de Gould n’est pas seulement important pour sa famille. Cela devrait intéresser tous les Canadiens, car cela met en lumière la promesse longtemps attendue du gouvernement fédéral de repenser et de repenser la politique sur le congé parental.

Des changements importants ont été apportés, notamment une allocation parentale partagée pour les pères et les deuxièmes parents et des allocations pour les parents d’enfants adoptés. Il est temps d’en faire davantage pour davantage de Canadiens.

Pour repenser le congé parental, il faudrait commencer par clarifier ce qu’est le congé parental.

Actuellement, un congé payé pour s’occuper d’un bébé combine des prestations parentales, qui sont incluses dans l’assurance-emploi en tant que prestations d’emploi, et le droit de prendre un congé avec protection de l’emploi, qui fait partie des normes d’emploi provinciales, territoriales et fédérales.

Mais le congé parental est plus qu’une politique de l’emploi : c’est aussi une politique de soins. Malgré ce que dit le site Web de l’assurance-emploi, un congé pour s’occuper d’un bébé ne signifie pas s’absenter du travail. Le travail de soins est en fait un véritable travail.

Le congé parental doit également être intégré à d’autres politiques de garde, en particulier aux politiques d’éducation préscolaire et de garde d’enfants. Là encore, il existe des modèles à suivre, comme ceux de la Suède et d’autres pays nordiques. Là-bas, les enfants ont un droit humain et le droit d’être pris en charge.

Et il existe un objectif politique explicite selon lequel, pour chaque enfant, il n’y aura aucun écart entre la fin du congé parental bien rémunéré et le début de l’apprentissage et de la garde des jeunes enfants.

Une femme est assise sur un canapé avec un bébé tandis qu'un petit chien regarde par la fenêtre derrière elle.
Une mère est assise avec son bébé à Cayuga, en Ontario, en septembre 2021. Amanda Elkington s’est battue pour obtenir le plein emploi alors qu’elle était en congé de maternité après la fermeture de son lieu de travail en raison de la COVID-19.

Reconnaître la valeur des soins

La pandémie de COVID-19 a eu des répercussions majeures sur la façon dont certains Canadiens, y compris les députés, peuvent désormais effectuer une partie de leur travail rémunéré au bureau ou à la maison. La pandémie a également mis en lumière la valeur socioéconomique des soins et de l’économie des soins.

Gould comprend cela. En tant qu’ancienne ministre de la Famille, de l’Enfance et du Développement social, elle a travaillé avec des défenseurs et des experts en matière de garde d’enfants pour diriger la création du premier programme national de garde d’enfants au Canada.

À son retour de son congé parental, elle sera bien placée pour plaider en faveur de politiques de soins intégrés plus inclusives. En fait, il serait peut-être grand temps de créer un ministre fédéral des soins de santé.